mardi 17 décembre 2013

Changement de cap ?

Un changement d'intitulé ne veut pas dire forcément que l'on passe à autre chose. Quoique... Les dernières péripéties autour de la réforme des formations technologiques (BTS surtout) nous ayant convaincus qu'il n'y avait pas grand-chose à chercher de ce côté là, il pouvait sembler plus judicieux de se recentrer sur l'essentiel : l'audiovisuel et ses transformations, déjà largement achevées autour de la question du numérique et de la production en réseau. On pourrait d'ailleurs, en paraphrasant le titre que Les Cahiers du cinéma avaient donné à leur numéro spécial consacré à cette question, dire que "la révolution numérique est terminée".
Bon d'accord, et après ? Qu'est-ce qui change réellement dans les conditions de la production, les relations de travail ou les besoins en formation ?  En apparence, pas grand-chose : on continue de produire des émissions de télévision passe-plats en prime time, de tourner des comédies "populaires" pré-achetées par les chaines de télévision, de remettre régulièrement en question le statut des salariés du secteur (voir les péripéties autour de l'application de la convention collective du cinéma), de déverser chaque année des dizaines de nouveaux entrants, fraichement diplômés, sur un secteur qui n'en a pas besoin.
Pourtant, depuis quelques années maintenant, on a pu voir émerger une réflexion sérieuse (universitaire pour l'essentiel) ayant pris pour objet, d'une part les conséquences économiques et sociales de cette transformation, et d'autre part l'étude d'un nouveau paradigme, mêlant technologie et esthétique au cœur du changement.
Les enjeux intellectuels de ce débat nous paraissaient suffisamment importants pour justifier le changement d'orientation de ce site, déjà amorcé d'ailleurs : accorder une place centrale aux contributions ayant pour thème des questions telles que la convergence, le transmédia, l'économie du cinéma et des secteurs associés, les rapports entre l'esthétique et les nouvelles configurations de production en réseau... Voila le programme, tel qu'il pouvait apparaitre dans certaines contributions récentes, par ailleurs : autour du livre de Gaudreault et Marion, par exemple, La Fin du cinéma ?
Bien des questions émergent aujourd'hui, en effet, et qui ne sont pas (uniquement) liées à la technique : l'avenir des salles de cinéma (et du secteur de l'exploitation en général), celui des travailleurs dont le statut leur vaut d'être appelés "intermittents du spectacle", le développement de modalités de diffusion des contenus qualifiées d'"hybrides" (broadcast et broadband), l'émergence de nouveaux outils et de nouveaux formats de production (la "révolution" DSLR, bien sûr), l'avenir du "spectacle" télévisuel (après le flop de la 3Ds et l'arrivée du "second screen"), etc. Et puis, bien sûr, tout ceci nous renvoie à la problématique des usages. Quel sera, en particulier, l'avenir du cinéma exploité en salle ? En effet, si la France apparait comme un pays où ce secteur connait encore une relative augmentation des taux de fréquentation, on peut se demander si on n'est pas arrivé à un pic, prélude à un tassement et à une baisse prochaine avec la généralisation des nouveaux comportements de consommation des films et des produits audiovisuels en général. Ce qui a conduit à une banalisation du spectacle cinématographique et à une remise en question de la place qu'occupait la salle de cinéma comme lieu unique et intangible de la consommation de films de cinéma. Ou, comme l'écrivent Laurent Creton et Kira Kitsopanidou dans un livre récent : "(...) Force est de constater que l'appropriation explicite par l'imaginaire des nouveaux médias numériques des spécificités distinctives de l'identité de la salle oblige cette dernière à revoir sa proposition de valeur. Loin de la dé-ritualisation et de la démystification présumées de l'expérience cinématographique, les nouveaux environnements audiovisuels high-tech domestiques tentent de reproduire dans le confort de l'espace privé la sensation d'"être au cinéma"" (Les salles de cinéma, p.14)
Le programme est chargé, et la liste est loin d'être exhaustive... Alors, ouvrons l’œil et le bon !


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